Le Champ Saint Père

Depuis plus de deux siècles, les agriculteurs de ce village bénéficient de l'utilisation exclusive d'un marais communal de 65 hectares où, pendant une partie de l'année, ils peuvent faire paître le bétail.

Le fait d'avoir un marais communal n'est évidemment pas très original car beaucoup d'autres communes du Sud du département (Curzon, Lairoux...) en sont dotées, mais ici ce sont seulement les habitants d'un village et non ceux de la commune entière qui peuvent y faire séjourner leurs animaux.

C'est le 17 décembre 1744 que Mme Henriette de Deurfort de Durans, veuve du Prince de L'Ambise fit donation aux habitants du village de Nouailles de 80 arpents de marais situés en bordure du Lay. C'était à l'époque un marécage inutilisable ; l'eau salée remontait jusque là, ce qui représentait un grave inconvénient pour les animaux.

Mais le Lay a été détourné, des travaux ont été entrepris à Moricq et en juillet 1892 le communal a été endigué sous la direction de Mr Cloître. Il s'en est suivi une telle amélioration qu'en des temps d'exode rural, Nouailles voyait au contraire sa population s'accroître.

Cette disposition très ancienne n'était donc pas étrangère au maintien des exploitants agricoles qui faisaient valoir le plus souvent des superficies assez faibles. La séance du 22 mars 1840 mentionne "une population de près de 300 âmes à Noailles, village aussi ancien que le clocher de la commune" (Sic).

Le règlement du communal est assez complexe. Il interdit par exemple le pacage des animaux mâles, excellente précaution pour préserver la sélection des vaches laitières.

Son administration est autonome : le communal a sa caisse partculière, à laquelle la municipalité de Champ-Saint-Père ne peut toucher, bien que ce soit le maire qui signe les mandats et le percepteur qui se charge des paiements. Mr Bretaud, appelé familièrement "le maire de Nouailles" est le gérant de ce communal.

En 1964, le téléphone était réclamé depuis plusieurs années. Ce n'était pas un luxe. Avec 250 têtes de bétail, on a souvent besoin du vétérinaire ou de l' inséminateur. De plus, il ne faut pas oublier que le bourg est à plus de 5 km.
 

Le téléphone arrive :

Ils étaient las des lenteurs administratives et des « 5kms » du médecin, du vétérinaire ou de l’inséminateur de Champ saint Père. (article de Journal : Ouest-France (???) ou Presse-Océan (????)

LA ROCHE-SUR-YON. — Noailles, à quelques kilomètres de Champ-Saint-Père, c'est plus qu'un village : « une commune dans une commune » disent certains. Avec 100 habitants, tous agriculteurs, le village est surtout célèbre pour son communal d'une soixantaine d'hectares situé au confluent de l'Yon et du Lay. Cette belle pièce a été donnée — il y aura bientôt 220 ans — par Mme Henriette de Deurfort de Durans, veuve du prince de l'Ambrosi.

Ce communal est la propriété exclusive du village.

M. Bretaud, le « Maire » de Noailles » —c'est ainsi qu'on le nomme familièrement — gérant du communal et conseiller municipal de Champ-Saint-Père, garde dans ses archives tous les documents relatifs à ce don.

Noailles reflète l'image d'une réelle prospérité. C'est une grande famille. Ce qui se passe chez l'un n'est pas indifférent aux autres et quand il s'agit du bien commun ses membres donnent alors l'exemple de leur esprit de solidarité.

Ils viennent d'en faire preuve à propos de l'installation du téléphone.

INSTALLÉ EN 15 JOURS

Le téléphone, on le réclamait depuis quelques années. Ce n'était pas un luxe. Avec 250 pièces de bétail, on a souvent besoin du vétérinaire ou de l'inséminateur. De plus en cas d'urgence, il fallait sauter dans une voiture afin d'aller chercher un médecin.

Noailles est rappelons-le situé à près de 5 kilomètres de Champ-Saint-Père.

'M. Louineau, le maire de la commune, avait donc contacté la direction départementale des P.T.T. L'affaire risquait de traîner en longueur. M. Louineau en vint à proposer aux P.T.T. de leur prêter du personnel. Les habitants de Noailles ont accueilli la nouvelle favorablement.

...Et en 8 jours, des équipes de six hommes, sous la direction d'un chef de travaux des P.T.T,, ont placé tous les poteaux de la ligne. On peut dire que l'installation a été menée rondement. Le téléphone fonctionne depuis environ quinze jours. Nous sommes allés chez Mme Martin qui tient la cabine.

SEPT A HUIT COMMUNICATIONS PAR JOUR

— Qu'est-ce que cela change pour vous le téléphone ?

— « C'est bien commode pour tout le monde. Quand on a parlé de le faire installer, personne ne voulait le prendre chez lui. Mon mari s'est proposé. Ce n'est pas compliqué, on prend vite l'habitude ».

— « Etes-vous souvent dérangée ? »

— « Assez. Six à huit communications par jour en moyenne. L'autre jour c'était un vrai défilé. Ce matin un voisin m'a réveillée à cinq heures du matin pour appeler le médecin ».

Maintenant, Noailles possède « son » téléphone. Ne peut-elle pas en effet en revendiquer lo propriété ? Encore une belle page à l’histoire de ce charmant village.