On mourait chez soi...
Dès lors, la maison du mort prenait le deuil. Les pendules étaient arrêtées. Les miroirs étaient voilés La maison était mise dans le noir : les volets étaient fermés.
On procédait alors à la toilette funéraire. Puis on habillait le mort dans de beaux habits, parfois ,ses habits de marié.On lui mettait des souliers. Le corps était recouvert jusqu’à la mi-poitrine.
d’un drap blanc. Les mains du mort étaient jointes et un chapelet était entrelacé entre les doigts...
Le mort était exposé dans un lit, dans la chambre (ou dans une autre pièce, si on avait de la place..) A la tête du lit, sur la table de nuit étaient placés un crucifix, un cierge (ou une bougie) une
assiette remplie d’eau bénite avec un rameau de buis (conservé depuis le Dimanche des Rameaux)
Le curé était prévenu pour mettre au point la cérémonie et les heures de chapelet; le menuisier venait prendre les dimensions du mort. Les proches (mari ou femme, père ou mère, frères ou soeurs) se
consultent pour organiser la sépulture : qui portera le crucifix? , le (a) camarade de communion, qui portera le cierge d’honneur ? qui portera les brunettes ? qui portera le corps ? ... On s’assurait à la Mairie que
l’on a bien une “concession” pour enterrer son mort; et on prévenait le fossoyeur qui devra creuser la tombe (ce qui n’est pas toujours facile : difficultés dues à la roche, aux nappes d’eaux, à la météo,sans
parler des découvertes qui sont faites quand la tombe a déjà servi). Et une personne (il n’y en a qu’une ou deux sur la commune) sera chargée de passer de maison en maison pour prévenir de la mort et pour dire la date de
l’enterrement.
Veillée mortuaire
On ne laisse pas le mort seul. On le veille jusqu’à sa sépulture.
La famille, les voisins viennent alors rendre visite. Ils commencent alors par s’avancer vers le mort; ils prennent le rameau** qu’ils baignent légèrement dans
l’eau bénite; ils bénissent le mort en dessinant une croix, se recueillent et disent une prière silencieuse. Puis ils saluent les proches du mort et vont s’asseoir dans
un grand silence dans les chaises disposées autour du lit mortuaire. Ils prient
Vers 19h00, le curé vient “dire le chapelet” avec les présents ...
Pendant toute la nuit, on se relaiera auprès du mort...Les hommes feront volontiers une escapade vers la cuisine pour se rafraîchir le gosier; du café attend à la cuisine pour les amateurs ...
Entretemps, on aura sonné le glas... Les gens du pays apprennent ainsi que la mort a frappé dans la commune. Une tradition veut que l’on sonne 9 coups pour un homme, 6 coups pour une femme
Le menuisier sera revenu avec le cercueil et le mort y sera exposé .
Quelques heures avant la sépulture, le cercueil sera refermé
La Cérémonie
On est enterré en première ou en seconde classe....cela dépend des versements que l’on a fait annuellement lors du denier du culte.
Les différences entre les classes se traduisent dans l’apparat : décoration des piliers et du choeur de l’église; dans les chants...
Le prêtre accompagné des enfants de choeur accueillaient le mort dans un point déterminé du bourg. Quand le
corps arrivait d’un village***, transporté dans une charrette bien nettoyée pour l’occasion, il était attendu à
l’entrée du bourg. Une petite croix de bois était plantée sur le bord de la route pour signifier l’endroit, et
d’autres étaient placées devant les calvaires que l’on croisait sur la route de l’église. Une procession se formait
alors tandis que l’on chantait les prières des morts. Les parents du mort portaient les signes du deuil : les femmes, tout en noir, portaient un grand voile noir devant le visage alors que les hommes portaient le brassard
noir ou un crêpe au revers de leur veston. Quand on ne pouvait s’acheter de nouveaux habits de deuil, on teignait d’anciens habits ou on le faisait faire par des teinturiers.
La messe était toute en latin (Libera me, Dies irae,...). Au milieu de la messe sonnait l’offrande : c’était une
procession où on allait baiser l’image du Christ (plaque en laiton essuyée après chaque passage : on avait le
sens de l’hygiène !) et déposer une offrande dans la corbeille tenue par l’enfant de choeur. Mais cela permettait
aussi aux non-pratiquants de venir de la place de l’église ou des cafés environnants pour afficher leur présence à la famille.
A la fin de l’office, c’était l’ABSOUTE. Le corps était béni, encensé puis sorti de l’église et déposé sur le
corbillard (extrêmement léger: une civière sur quatre roues de vélo, encore visible dans la crypte de l’église). La procession se formait : devant le prêtre et les enfants de choeur, puis le défunt suivi de sa famille proche, puis
parents éloignés et amis. Si l’avant du cortège était recueilli , il n’en était pas toujours de la fin...(Les enterrements étaient une occasion de rencontre.) Devant la tombe, les dernières prières, puis les parents suivi
des autres personnes défilent pour bénir le corps . La famille a eu le temps de se mettre à la sortie du cimetière où elle va recevoir les condoléances.
Les hommes se dispersent et beaucoup arrivent dans les cafés (qui se jour-là font “une bonne journée”). Les
porteurs que la famille a récompensé financièrement se retrouvent aussi au café pour se désaltérer ou se réchauffer suivant les saisons.
La famille se retrouve à la maion . Un repas est servi
Le Deuil
Pendant les 6 mois qui vont suivre, on s’habille de noir (surtout les femmes) et à l’église on porte le grand voile.
Il n’est pas question de chanter ou d’écouter la radio (quand on a la chance de posséder la TSF), encore moins d’aller danser.
Puis suivra une période de “demi-deuil”, où les couleurs s’éclairciront, le voile de deuil diminue. Et petit à petit
la vie reprend son cours si on n’a pas le malheur d’être rattrapé par un autre deuil. Nos anciens (nes) étaient souvent habillées de noir.
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