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Le Champ Saint Père

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LES FREQUENTATIONS

Frequentation- maraichinage Les jeunes gens, depuis leur sortie de l’école, n’avaient guère l’occasion de se rencontrer : A la messe, le dimanche, “l’enfant de Marie”, chanteuse, était heureuse d’apercevoir un beau jeune homme assis dans les stalles autour de l’autel . On s’entrevoyait à la sortie de la messe ou plus rarement, après les vêpres, les garçons y étaient moins assidus. D’autres occasions étaient le marché ou le jour de foire, les fêtes familiales (les mariages en particulier)….plus rarement les soirées de Mission.

Papie-et-mamie de jaugerMais après guerre (39-45), les répétitions de théâtre ont permis bien des rencontres dans le secret des coulisses ou dans le retour à la maison, dans le noir de la nuit. Les missions qui se préparaient sur un temps assez long (un Mois ?) favorisaient le rapprochement des jeunes, même surveillés par les parents..., On restera discret sur ce qui a bien pu se passer « darrère les bouéssons », à l’époque des foins, de la moisson ou lorsqu’on gardait les vaches.

Quand le garçon avait choisi « promise », il demandait aux parents, la permission de la fréquenter. Il était alors reçu à la maison, à cadence variable : une, deux, trois fois par semaine. Quand cela était possible, les amoureux s’isolaient dans une pièce… pas loin des parents. Quand le père toussait ou se raclait la gorge, l’heure de la séparation n’était pas loin. Y contrevenir, c’était s’exposer à des difficultés pour la fois suivante...

Bien que certains arrivassent à « mette la charrue avant les bœufs » ou à « fêter Pâques avant les Rameaux », les jeunes gens étaient sérieusement avertis sur leur conduite à tenir. Non seulement, les parents étaient là…mais souvent, le curé aussi.

Jean_Sablon Quand les choses étaient décidées, il y avait les fiançailles. Les parents du futur marié étaient reçus chez les parents de la jeune fille. Au menu, un bon repas…La fiancée recevait sa bague de fiançailles, parfois le fiancé…une chevalière. Et on discutait de la liste des invités et l’on se mettait d’accord sur les festivités : musiciens, salle, cuisinières et menus, serveuses et tireurs à boire... On parlait aussi des amis à qui on confierait la vie de la ferme pendant le mariage : il faudrait bien s’occuper des animaux , vaches, gorets...pendant ces trois jours.

Par politesse, les parents du futur marié organisaient un “ retour de fiançailles”…où l’on continuait les discussions (cuisinières, musiciens, bijoutiers...notaires, parfois)

LES FIANCAILLES

Fiances-annee-39Les fiançailles avaient une durée variable : de trois mois à plus d’un an --les périodes de guerre (14-18,39-45, ou guerre d’Algérie) ont précipité des fiançailles, en ont rompu certaines, et parfois des fiancées n’ont plus revu leur «promis » décédé…au front.—

Cette période de fiançailles donnait plus de facilités dans les rencontres mais elles restaient très encadrées. On ne voulait pas courir de risques… ou que naissent des rumeurs...ou un enfant.

Ce temps permettait à la jeune fille de choisir sa robe de mariée qu’elle faisait confectionner par une des nombreuses couturières du pays ; de faire ses achats indispensables : couronnes de fleurs d’oranger (et fleurs d’oranger qui mariage-1920-seraient distribuées aux invités), plus tard, voile (dont des morceaux seraient remis distribués “aux gens de la noce” )... .

Les futurs beau-père et père cherchaient les meilleures barriques de vins à boire soit dans leur production personnelle, soit chez des fermiers voisins…Et les deux familles prenaient rendez-vous avec une cuisinière (Mmes Mariage 1912CANTEREAU, Léonce HERVOUET, Hôtel de la Gare, Hôtel CLAIRON….) pour discuter des menus qui dans l’ensemble étaient copieux. 

Quelques dimanches avant le mariage, les jeunes gens de la noce étaient invités chez la mariée, pour “faire les roses” Ces fleurs, de papier-crêpon et de fil-laiton, serviraient à la décoration des houx, de la salle de mariage et de tout endroit qui permettrait de monter que c’était la noce . Les artistes étaient conviés à fabriquer un coeur de carton, ornées de roses minuscules , et les initiales des mariés entrelacées en papier doré. Les jeunes gens s’éclipsaient volontiers pour une partie de palets ou pour visiter la cave...

Dans les fermes, peu de temps avant le mariage, on nettoyait la partie centrale de la grange où étaient stockés le foin, les betteraves, les choux... On grattait le sol; on “désarentelait” (les arentelles sont les toiles d’araignée). C’est là qu’auraient lieu les festins (veille, le jour et le lendemain)

Si c’était nécessaire, et cela l’était souvent, on viabilisait la cour de ferme, on balayait la poussière, ou on enlevait la boue, on empierrait s’il le fallait...

A la maison, on préparait une grande table enveloppée d’une nappe blanche . Elle était destinée à recevoir les cadeaux que les parents et les amis des mariés apporteraient

Le futur marié, avec ses amis, “enterrait sa vie de garçon”. Au cours d’ une soirée bien arrosée, on creusait un trou dans lequel on enterrait un mini -cercueil rempli de bouteilles de vin qui seraient bues à la naissance du premier enfant

Et le jour tant attendu arrivait....

Les mariages avaient lieu ordinairement le mardi, de Pâques à la St Jean et de Septembre à la Toussaint

La veille du mariage, quelques invités et surtout les jeunes venaient décorer la salle. Ils pendaient des draps tout autour de la (grange) salle qu’ils décoraient de roses mais aussi de verdure. Certains allaient planter des branches de houx, décorées de roses, au bout du chemin menant à la ferme. On suspendait une couronne faite de verdure et de roses au dessus de l’entrée du chemin, à l’entrée de la grange, à l’entrée de la maison...La fête commençait : on goûtait le vin de la noce...

Le garçon d’honneur et la fille d’honneur aidés par les familles organisaient le cortège et décidaient des couples de “cavalier et de cavalière”... Important, cela pouvait décider de futurs mariages.

Pendant ce temps, la cuisinière préparait les repas qui, s’ils étaient simples, étaient plutôt copieux...Souvent à la ferme, on tuait le veau et/ou le mouton (ce qui était un luxe; à une noce on a tué jusqu’à 15 dindes) . L’eau qui servait à la vaisselle venait de la “tonne”: l’eau était puisée soit à la rivière, soit dans une carrière... Le feu était entretenu soit dans la grande cuisine, soit dans le fournil où des chaudrons étaient remplis d’eau en permanence. Ce soir-là, on mangeait une bonne soupe grasse, les abats du veau ou du mouton

 Le jour, Les mariés s’habillaient , chacun chez ses parents.

La mariée enfilait jupons et robe, aidée par sa couturière, coiffeuse, et sa mère ou sa grande soeur... La coiffe, plus tard le voile, était ajustée et bien fixée...On lui remettait une gerbe de fleurs qui, à une certaine époque, était fort importante. Le marié avait alors le droit de découvrir l’objet de son amour.

Le marié était habillé d’un complet (trois-pièces, quand on avait un peu d’argent) de couleur plutôt sombre. La chemise blanche (à tibis) avait souvent un col dur. (qui faisait mal pour peu que l’on transpirât)

Sortie Eglise 1950Le cortège se formait à partir de la maison de la mariée et l’on partait à pied à la mairie Les musiciens en tête (Chaine-Maillard), suivis de petits enfants (les filleuls des mariés étaient particulièrement concernés), puis de la mariée au bras de son père, ( sa mère se trouvait en fin de cortège au bras du beau-père; le marié était au bras de sa mère) du garçon et de la fille d’honneur, parrains et marraines et enfin des invités

Au long de la route , on trouvait des bouquets disposés sur une chaise. A côté une assiette... Si le bouquet était offert, on était invité à déposer de l’argent dans l’assiette lequel irait ensuite en cadeau à la mariée.

A l’entrée de l’église, le marié rejoignait la mariée. Celle-ci, si elle était “enfant de Marie” remettait son écharpe à Mr le Curé (elle allait perdre sa virginité ! ). Dans l’église, la grandeur du tapis, sur lequel s’avançaient les mariés était fonction de la “classe” du mariage : 1° ou 2°... Les enfants du cortège qui précédaient la marié étaient généralement désignés pour faire la quête avec le garçon et la fille d’honneur.

A la sortie de la cérémonie, pas de vin d’honneur. Si la mariée faisait partie des chanteuses de la chorale paroissiale, elle montait, en cortège restreint, au “couvent” où une petite réception était organisée .Elle recevait inévitablement de la bonne mère et des petits cadeaux de ses amies Les autres “gens de la noce” faisaient une tournée des bistrots familiers et/ou amis. Cela commençait à mettre de l’ambiance. Puis le cortège se reformait, la marié au bras de son mari, musiciens en tête , pour partir à la salle de mariage.

cuisine-brigade-mariageLes cuisinières et les serveurs (ses) accueillaient le cortège en chantant “ Trempons la soupe...” Les mariés s’installaient à la table d’honneur ou les rejoignaient pères et mères, les grands-parents, parrains et marraines...Toujours des personnes “dignes”. En face des mariés, le garçon et fille d’honneur qui auraient pour charge d’animer les repas : faire chanter, jouer, danser...

En effet, les repas étaient longs parce que les menus étaient sous_la_tentecopieux (voir ci-dessus) . Les chanteurs qui ne terminaient pas leurs chansons, étaient conviés à boire ...A la fin du chant, comme récompense, ils recevaient les baisers du sexe opposé...Et le dernier qui embrassait avait pour gage de chanter à son tour..En fin de repas, on pouvait assister “aux vêpres de la mariée”. C’était une parodie de cérémonie religieuse avec “curé, enfants de choeur...” qui détaillait les attributs de la mariée en faisant des allusions souvent grivoises :

“A la mariée quo li fo ti ? Une belle tchulotte aussi...”

Entre les deux repas, les tables sur tréteaux étaient dégagées pour permettre aux danseurs de digérer. En attendant que la salle soit prête, des jeux s’installaient dans “l’aire” :jeu du balai (élimination des danseurs un par un ( sur le mode des chaises musicales), jeu du tapis... . Au bal , c’était l’occasion de voir les danses traditionnelles : quadrille, gigouillette...mais aussi pour certains cavaliers ou cavalières de faire plus ample connaissance et de fixer des rendez-vous...Vers neuf heures du soir , on remettait ça. Un repas tout aussi copieux avec potage...langue de boeuf...

Danse-de-la-brioche-debut-du-20_-siecleOn dansait à nouveau. Sur le coup de minuit -une heure du matin, c’était la danse de la brioche . On la mangeait  pour “caler les verres de vin ou de café” pour durer jusqu’au petit matin. Les mariés s’esquivaient sans se faire remarquer. car le jeu consistait alors de les retrouver pour leur “porter la soupe”. (une soupe grasse, souvent, avec des légumes évoquant les organes génitaux, offerte dans un pot de chambre : ce n’était pas toujours d’un humour très fin).

amusement_du_lendemainLe lendemain, la famille proche et les jeunes gens venaient déjeuner, la bouche pâteuse...Quand la famille avait les moyens elle offrait des huitres. Tout en chantant, en jouant, en faisant des tours à la barrique, on remettait les choses en place. Si l’un des mariés était le dernier d’une fratrie : les parents “cassaient les pots”. Des pots de dragées, mais aussi de farine, d’eau,...étaient suspendus à un câble. Et les parents, les yeux bandés devaient essayer de les casser pour manger les dragées. Dans le même cas, une autre tradition : le tas de paille à faire brûler. par la mère de famille qui n’avait plus d’enfants à marier. Elle attisait le feu pour qu’il s’éteigne au plus vite...si dans l’autre famille, au contraire, il y avait encore des enfants à marier, les parents essayaient de détruire le feu...

La barrique se vidait :

    • “I nous irons, i nous irons
    • Quand la barrique, quand la barrique
    • Quand la barrique sera la chu en haouw....

A midi, on mangeait les restes avant de partir...La barrique était vide.

Récit basé sur le témoignage de Mme Jeanne CANTEREAU, 94 ans

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