HENRI IV à la LA MOTHE-FRESLON
La Mothe-Freslon tire son nom de la famille qui la possédait vers le XlIIe siècle (Thibaud
Frellon en était le seigneur, d'après une charte de 1225 du monastère de N.D. de Luçon).
Elle a longtemps été possédée par la Maison de Buor célèbre, s'il en est, en Bas-Poitou
"Battez une haie, il en sort, un lièvre, un Buor ou un Rorthays".
Henri IV, le vert-Galant, y séjourna par deux fois. Une première fois en 1585, où il arriva
incognito , au milieu de nombreux gentils: les Lescours — de Béjarry de la Roche — Bernon de l'Isleau et
d'autres encore qu'il étonna par sa verve, son entrain endiablé, et aussi par l'absorption de forces rasades, et qui devinrent ses plus intrépides lieutenants.
— La seconde fois (c'était le 9 janvier 1589), suivant la lettre de Duplessis Mornay à de Morlas, au moment de faire lever le siège de la Garnache
Ce fut Mathurin Buor qui reçut le Roi de Navarre à La Mothe-Freslon. (Chronique de la Guerre des Trois Henri en Bas-Poitou, publiée par A.D. de La Fontenelle de Vaudoré) :
"Alors le Roi de Navarre jugea que le temps pressoit pour aller faire lever le siège de la Garnache, et il s'achemina de ce côté avec une partie de son armée. Partant de Ste-Hermine, il laissa la conduite de ses
troupes à Duplessis-Mornay et voulut faire à pied une partie du reste de la route, soit pour chasser, soit à cause du grand froid qu'il faisoit et pour se délasser. Quoiqu'il en soit, il paroît qu'après s'être arrêté pour
diner, après quelques lieues de marche, au Champ-Saint-Père, il y fut saisi par une grosse fièvre, le 9 Janvier 1589. Duplessis, averti de cela, accourut et fit transporter le Prince au château de la Mothe-Freslon
appartenant à un Gentilhomme du nom de Buor. Là, on l'engagea à se mettre au lit, ce qu'il ne voulut pas d'abord, croyant que ce n'étoit qu'une simple douleur. Le mal ayant beaucoup augmenté pendant la nuit, on
reconnut que c'étoit une pleurésie, et les symptômes parurent allarmants. Le Prince avoit laissé à Niort, Dorthoman, son premier médecin, pour soigner d'Harambure, qui avoit eu l'oeil traversé d'un coup de feu et il
n'avoit avec lui que son chirurgien, nommé Martel. Dans une telle occurrence, Mornay fut fort embarrasé,
mais d'après l'avis du chirurgien et l'expérience qu'il avoit de la maladie dont le Roi étoit attaqué, pour l'avoir
eue deux fois dans sa vie, il prit sur lui d'ordonner une saignée, pour empêcher le mal d'aller plus avant. Malgré tout, il fut dans de grandes angoisses jusqu'à ce que le médecin Dorthoman, étant arrivé approuva le
régime et ajouta même que s'il avoit été là au début de la maladie, il auroit fait tirer plus de sang qu'on n'en avoit extrait.
La nouvelle de cette maladie fut communiquée aux églises protestantes de toute la contrée, en les engageant à faire des prières pour le rétablissement d'Henri de Bourbon ; elle parvint à la Rochelle, dans la soirée du 13
Janvier et le peuple en fut instruit de suite, par le son de la cloche. A l'instant tous les temples furent remplis de
personnes de tout sexe et de tout âge qui venoient implorer l'Eternel, pour un si bon Prince ; il en fut de même, dans les autres lieux où il y eut aussi des prières publiques, et la douleur étoit empreinte sur le visage de tous
les hommes de la nouvelle croyance
Le bruit de la mort du Prince parvint même en cour, mais il fut bientôt démenti. Henri courut réellement des
risques pour sa vie à la Mothe-Freslon, et il montra la plus grande résignation, en même temps qu'il donnoit des ordres pour les affaires de son parti qui dévoient être transmis au loin. Enfin grâces aux bons soins qui lui
furent donnés par son hôte et les membres de sa famille, et par les personnes de sa suite, il fut bientôt hors de danger et s'achemina promptement vers une heureuse convalescence".
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