Dès le 4 mars 1793, l'armée républicaine essaya de s'emparer de Champ-Saint-Père
mais dut y renoncer, le passage du Lay étant devenu impossible à Mareuil. Ce fut en mai qu'elle l'investit.
"Après la prise du poste de Saint-Vincent-Sur-Graon, quartier général de la division
de Le Moëlle qui les avait longtemps protégés, les habitants du Champ-Saint-Père et des villages environnants avaient fui comme les autres et leur campement se trouvait
établi à une assez grande distance du bourg, dans le lieu le plus sauvage qu'il fût possible d'imaginer".
Adolphe de Brem a recueilli de la bouche même des derniers survivants l'histoire de ce refuge ; il en parle
dans ses "Chroniques et Légendes de la Vendée militaire" au chapitre intitulé "Le Sanguenitou".
"La Combe aux loups" où vieillards, femmes et enfants avaient établi leur cache est située à l'extrémité Sud-Est du Tablier entre cette commune et celles de Rosnay et de Champ-Saint-Père. "Des huttes de branches
et de feuillages, des charrettes renversées en arrière et recouvertes de bernes en formes de tentes, étaient éparses çà et là... Les vieillards confectionnaient des cartouches, les femmes filaient ou faisaient de la charpie
pour les blessés..."
Fin juillet 1795, leur refuge avait été signalé aux Républicains postés à Saint-Cyr-en-Talmondais, lesquels se
préparaient à une attaque. Le Sanguenitou qui, simulant l'ivresse, avait surpris leur projet, put avertir à temps les réfugiés. Ceux-ci, grâce à la présence de soldats venus chercher des munitions, infligèrent aux Bleus une
"devessée" de première.
Le carrefour où le dénonciateur fut finalement exécuté par les Républicains rescapés porte désormais son nom. C'est la Nouge(re)au, entre la Garneraie et La Baffardière.
Autrefois c'était l'un des carrefours où l'on avait coutume de déposer les petites croix
des morts fabriquées par le menuisier, en même temps que le cercueil. "La bière, entourée d'un drap est déposée sur la lourde charrette débarrassée de sa caisse. Deux
boeufs... traînent le funèbre convoi. Derrière se pressent les hommes et les femmes en habits de deuil... A tous les calvaires, aux détours de certains chemins le conducteur
arrête ses boeufs, met un genou à terre. Après avoir récité une courte prière, il pique une petite croix de bois au pied du calvaire ou à la croisée du sentier"
(J. de La Chesnaye : Le vieux bocage qui s'en va.)
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